"CES FEMMES QUI ONT REVEILLE LA FRANCE" de Jean-Louis Debré et Valérie Bochenek Editions Fayard - 372 pages, 21,90 euros
Aux combattantes, leurs soeurs reconnaissantes...
26 portraits de femmes, connues ou inconnues, écrits à 4 mains par un duo inattendu, le président du Conseil Constitutionnel Jean-Louis Debré et sa compagne, Valérie Bochenek. De Jeanne d'Arc qui incarne une France en rébellion, ou Marianne symbole de la République, à la célèbre Marie Curie ou la discrète Nafissa Sid Cara, 1ère femme musulmane membre d'un gouvernement, le couple rend hommage à ces militantes de la première heure auxquelles leurs petites-filles doivent de profiter de leurs droits. Même si la patrie des droits de l'homme rechigne toujours à parler plus largement de droits "humains", leurs combats ont fait passer la femme du statut d'être inféodé sous l'Ancien Régime à la femme moderne égale de l'homme, en tout cas devant la loi. Rappelons que le principe d'égalité des droits entre hommes et femmes posé dans le préambule de la constitution date de 1946. Une année-charnière puisque le droit de vote leur sera accordé également cette année-là.
Féministe, à perdre la tête….
La plus symbolique des précurseures est sûrement Olympe de Gouges, auteure en 1791 de la "déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne", un contre-point militant à la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, rédigée 2 ans auparavant. Le texte passé inaperçu ou presque, aujourd'hui oublié, est pourtant fondateur de l'idée d'égalité. Car la Révolution, dans laquelle le sexe dit faible a joué un rôle important, marque le début de la prise de conscience féministe et les premières revendications : droit à l'éducation et à la formation, égalité politique et civile…Une "pétition des femmes du Tiers Etat au Roy" le 1er janvier 1789 demande ainsi que "les hommes ne puissent conserver sous aucun prétexte tous les métiers et que les femmes puissent posséder des emplois, non pour usurper ceux des hommes mais pour en être plus estimées". Tout est dit, déjà… Mais son combat lui coûtera la tête, les Révolutionnaires ne badinant pas avec la vertu qui convient à son sexe : elle est décapitée place de la Révolution en 1873. Et le journal Le Moniteur d'en profiter pour prévenir toutes celles qui à son exemple pourraient imaginer circonvenir à l'ordre masculin établi.
Femmes, je vous aime….
Chaque portrait s'agrémente d'une courte bibliographie pour aller plus loin. Un ouvrage de référence qui vise à établir des jalons dans la longue lutte contre les inégalités et une récidive de la part de Jean-Louis Debré déjà auteur "Des oubliés de la République" chez Fayard. On connaissait son parcours politique, on connaissait moins son goût secret pour la littérature. "Ces femmes qui ont réveillé l'histoire" forment un pont entre ses deux passions avec le souci comme il l'a confié à un journal régional " d'écrire l'histoire comme elle devrait être écrite, en joignant l'histoire de l'homme à celle de la femme ". Ce qui l'a conduit logiquement à y associer sa compagne, ancienne assistante du Mime Marceau, pour "avoir un regard croisé, féminin de surcroît". Le livre se clôt avec Simone Veil, et ce n'est sûrement pas un hasard, puisque c'est grâce à sa pugnacité en tant que ministre de la santé que les femmes ont obtenu en 1975 le droit sur leur corps avec la légalisation de l'avortement. Considérant que nulle femme n'avorte de gaité de coeur, Simone Veil malgré l'hostilité de ses collègues de l'hémicycle fait voter la loi qui permettra aux femmes de choisir le moment de leur maternité. Un vrai hommage donc à travers ces 26 femmes à toutes celles qui "ont contribué à forger et sceller les contours de notre modèle républicain et social".